La plasticienne Angèle Riguidel recycle et détourne
Des idées lumineuses
Sous sa tignasse blonde pétillent ses yeux bleus qui se posent, attendris, sur les objets que d’autres délaissent ou jettent sans scrupule. Elle, elle ne jette rien. Les déchetteries, elle les visite ; les braderies et les bric-à-brac, elle les dévalise avec plaisir et envie. Son atelier regorge de tous ces objets récupérés. Experte en recyclage et en détournement, la lumière, c’est sa marque de fabrique.
VISITE DE L’ATELIER…
Dans son atelier,
les objets de récupération de toutes sortes s’accumulent,
« de temps en temps, je refais des passages pour pouvoir circuler ».
Pourtant, elle sait où chaque chose se trouve, tout est rangé et trié, les verres d’un côté, les moules à gâteaux de l’autre ; les plastiques, les vieilles valises en
cuir, la quincaillerie, le câblage, les ampoules…
« Et quand je fouille, je retrouve d’autres choses ».
Tous ces objets sont à la base même de son inspiration.
« Je n’imagine jamais l’œuvre finie, je choisis un élément qui
va en appeler un autre puis un autre et, à la fin, je découvre moi aussi l’ouvrage terminé ».
Et de tous ces articles inutilisés ou cassés, elle en refait un nouveau, prêt pour une nouvelle vie. De ces puzzles en métal boulonnés, rivetés, « réparables », naissent des lampes aux allures de petit robot, de danseuse, d’animal aux yeux éclairés.
« J’ai commencé par l’éclairage, les luminaires, avant de m’attaquer à d’autres projets, les vieux jeux notamment ».
Des jeux détournés pour créer des tableaux toujours éclairés.
Le recyclage : tout un art
« Après mon Baccalauréat d’arts appliqués – auparavant dénommé F12 – j’ai suivi un BTS de stylisme qui m’a amené à travailler une dizaine
d’années dans le textile, pour la grande distribution. »
Mais l’envie était ailleurs, « il me fallait du concret, du brut, du vrai ». Avec l’arrivée des enfants, l’emménagement à la campagne, « j’ai décidé de changer radicalement de vie ». Un pari osé, mais à l’époque, on le pouvait encore, se lancer à corps perdu dans l’art, vivre de peu. « Les premières années ont été rudes », mais sa “patte” a vite été remarquée. « J’envoyais des photos de mes œuvres à des professionnels pour me faire connaître.
Et cela a plu à Christian Gobert, à Conches-en-Ouche qui, très rapidement, m’a laissé carte blanche à la Maison des arts ! J’étais très impressionnée et j’avais peu d’œuvres à montrer mais je l’ai fait et ça m’a beaucoup aidée ». L’adjoint au maire de Conches ignorait sans doute avoir donné un sacré coup de pouce à ce moment-là (en 2003) mais il a permis à Angèle Riguidel de débuter un CV d’installations qui la mènera de Paris à Lyon. « Au début, je prenais tout, j’essayais de faire un maximum de salons. Maintenant, je choisis mes sorties, je préfère privilégier les expositions auxquelles je prends plaisir à participer. Qui me correspondent. » Comme le salon Maison et Objet, réservé aux professionnels de l’art de vivre, la décoration et le design qui se tient deux fois par an à Villepinte (le prochain du 4 au 8 septembre) ; le Mac 2 000 (Manifestation d’Art Contemporain à l’Espace Champerret de Paris du 26 au 29 novembre) ou Art et Déchirure à la Halle aux Toiles de Rouen (programmé du 9 au 20 mars 2016) …
Culture et détournement
Sans oublier ses attaches avec les lieux de musique de la région. Approchée par Jean-Christophe Aplincourt, alors directeur de l’Abordage, pour décorer le Club et l’Espace VIP du Rock Club et l’Espace VIP du Rock dans tous ses États, elle n’en partira plus. « C’était ma 10e année en juin dernier » ! Et le désormais directeur du 106 de Rouen l’appelle encore pour installer ses œuvres sur ses événements (1er Acte, No(w) Future), lui attirant par la même occasion les faveurs de Papa’s Prod, l’équipe organisatrice du Ouest Park Festival au Havre.
L’an passé, c’est d’ailleurs en répondant à un appel à projet “Caravan Players” de Papa’s Prod – qui gère aussi le Tétris au Havre – qu’elle investit une caravane. Le but du jeu : y créer un environnement singulier et multimédia. Angèle Riguidel postule et transforme sa caravane Gruau de 1974 en espace Gam’in. Poupées, marionnettes, jeux de société, petites voitures, animaux en caoutchouc, peluches et jeux vidéos s’y retrouvent exploités, détournés et bien sûr éclairés. Une ambiance chaleureuse où l’on aime à jouer bien sûr mais aussi se détendre, le temps de retomber en enfance. Une expérience à apprécier jusqu’au 9 août, sur le Village du sport et de la culture, sur le pré du Bel Ébat.
Sur sa lancée, et avec le soutien d’Antoine Jolly de la médiathèque d’Evreux, elle décide de redécorer une autre caravane. La Digue se veut plus “pop(ulaire) ”. L’histoire, la géographie, la musique, le cinéma, la littérature : c’est un cabinet de curiosités culturel qui est ici proposé. Du sol au plafond, avec son lot de cartes IGN, d’affiches de film, de livres à feuilleter, de jouets détournés, des saynètes-reflets de notre société.
Tout est prévu pour y projeter les courts-métrages de la Maison de l’Enfant et des Découvertes. Lors des opérations “Toiles de quartier” de cet été coorganisées par la médiathèque, la MED et la Maison des jeunes et de la culture du Bel-Ébat.
Sophie B. La dépêche
Visual artist Angèle Riguidel recycles and diverts
Bright ideas
Under her blond hair sparkle her blue eyes that sit, softened, on objects that others abandon or throw unscrupulously. She doesn’t throw anything away. She visits the waste houses; she sells them out and she makes them with pleasure and envy. His workshop is full of all these recovered objects. Expert in recycling and diversion, light is his trademark.
VISIT OF THE WORKSHOP…
In his workshop,
all kinds of salvage objects are accumulating,
“From time to time, I repeat passages so that I can circulate”.
Yet she knows where everything is, everything is tidied up and sorted, glasses on one side, cake pans on the other; plastics, old suitcases in
leather, hardware, wiring, light bulbs…
“And when I search, I find other things”.
All these objects are the very basis of his inspiration.
I never imagine the finished work, I choose an element that
goes to call another and then another and, at the end, I also discover the finished work».
And of all these unused or broken items, she remakes a new one, ready for a new life. From these bolted, riveted, «repairable» metal puzzles, come lamps that look like little robot, dancer, animal with enlightened eyes.
“I started with lighting, lighting, and then I started with other projects, such as old games.”
Diverted games to create always enlightened tables.
Recycling: an art
«After my Bachelor of Applied Arts – previously called F12 – I followed a BTS of Design which led me to work a dozen
years in the textile industry, for mass distribution.”
But the desire was elsewhere, “I needed something concrete, something raw, something real.” With the arrival of the children, the move to the countryside, «I decided to radically change my life». A daring bet, but at the time, one could still, to throw oneself into the art, to live by little. “The early years were rough”, but his “leg” was quickly noticed. I sent pictures of my works to professionals to make me known.
And it pleased Christian Gobert, in Conches-en-Ouche who, very quickly, left me carte blanche at the Maison des arts! I was very impressed and I had few works to show but I did it and it helped me a lot». The deputy mayor of Conches was probably unaware of having given a big boost at that time (in 2003) but he allowed Angèle Riguidel to start a CV of installations that will lead her from Paris to Lyon. At first, I took everything, I tried to make as many shows as possible. Now I choose my outings, I prefer to focus on exhibitions that I enjoy participating in. That correspond to me.” Like the Maison et Objet lounge, reserved for professionals of the art of living, the decoration and design that is held twice a year in Villepinte (the next from September 4 to 8); the Mac 2 000 (Manifestation d’Art Contemporain at the Espace Champerret in Paris from November 26 to 29) or Art et Déchirure at the Halle aux Toiles de Rouen (scheduled from 9 to 20 March 2016)…
Culture and diversion
Not to mention its ties to the region’s music venues. Approached by Jean-Christophe Aplincourt, then director of Boarding, to decorate the Club and the VIP Space of the Rock Club and the VIP Space of Rock in all its states, she will not leave anymore. «It was my 10th year last June»! And the director of the 106 de Rouen still calls him to install his works on his events (1st Act, No(w) Future), attracting him at the same time the favors of Papa’s Prod, the organizing team of the Ouest Park Festival in Le Havre.
Last year, it was by responding to a call for projects called “Caravan Players” by Papa’s Prod – which also manages the Tetris in Le Havre – that it invested a caravan. The goal of the game: to create a unique and multimedia environment. Angèle Riguidel applies and transforms her 1974 Gruau caravan into a Gam’in space. Dolls, puppets, board games, small cars, rubber animals, stuffed animals and video games are exploited, diverted and of course enlightened. A warm atmosphere where we love to play of course but also relax, time to return to childhood. An experience to enjoy until August 9, on the Village of sport and culture, on the meadow of Bel Ébat.
With the support of Antoine Jolly of the Evreux Media Library, she decided to redecorate another caravan. La Digue is more “pop(ular)”. History, geography, music, cinema, literature: it is a cabinet of cultural curiosities that is proposed here. From the ground to the ceiling, with its lot of IGN cards, movie posters, books to flip through, diverted toys, reflections of our society.
Everything is planned to show the short films of the Maison de l’Enfant and the Découvertes. During the “Canvases de quartier” operations this summer co-organized by the media library, the MED and the Maison des jeunes et de la culture du Bel-Ébat.