Créations d’artiste
Angèle Riguidel
Fille de ferronnier, installée en Normandie, Angèle Riguidel chine tous azimuts. Avec ses trouvailles, elle imagine de drôles de luminaires, reflets de notre société de consommation.
En seulement trois ans Angèle Riguidel est devenue, avec ses O.L.N.I (Objets
Lumineux Non Identifiés), l’un des plus talentueux jeunes designers de
mouvement récup’-détournement. Coup de projecteur!
L’oeil est malicieux, la gentillesse évidente.
Angèle Riguidel, bien que forte déjà d’une clientèle internationale et de nombreuses expositions et salons, n’a pas pris la “grosse tête”.
Artiste avant tout (elle est diplômée en arts appliqués et a été styliste pendant 8 ans au bureau parisien) ce designer de 33 ans raconte avec simplicité son parcours.
“Je n’ai jamais aimé jeter quoi que ce soit! Alors, lorsque je suis tombé sur les objets abandonnés par l’ancien propriétaire de ma maison, j’ai eu envie de leur redonner une autre vie.” Ainsi d’anciens appareils de musculation se sont métamorphosés en banquettes et tabourets de bar, de vieux éléments de robot ménager ont constitué le premier “objet curieux et lumineux”. Une lampe qu’Angèle a précieusement gardée. Dès lors, celle qui, enfant, adorait réaliser des tricotins de laine et, bien sûr, bricoler, préfère se tourner vers le détournement d’objets et d’éléments variés mis au rebut.
Assemblage, par soudure, visses boulons ou rivets, avec une belle finition, selon une démarche réfléchie et dans une perspective fonctionnelle: voilà un design insolite où se marient plastique, verre ou parfois même caoutchouc de pneumatique, et chrome, fer blanc, alu, inox ou encore, nouveau coup de coeur d’Angèle, zinc.
Goût pour les métaux et les éléments industriels: écho d’un père ouvrier qui travaillait le fer forgé; sens de la récup’ et du recyclage: écho d’une famille modeste mais ingénieuse. “Mes parents ont refait la maison avec les choses qu’ils avaient sous la main” déclare Angèle, “Chez nous, on a toujours eu le réflexe de ne pas jeter mais de recycler!”.Aujourd’hui, la jolie fille perpétue l’esprit familial et gagne correctement sa vie avec ses créations issues du rejet, de l’abandon, de la surconsommation. Angèle chine, fouine dans les Emmaüs et les vide-greniers, farfouille dans les tas “d’encombrants”, de “monstres” laissés par les habitants de sa petite ville de Dardez , non loin d’Evreux, en Normandie.
Moules à gâteaux, batteries de cuisine, pots de confiture, mais aussi et surtout robots ménagers, aspirateurs et autres cireuses, radiateurs ou balances, séchoirs à cheveux ou réservoirs de mobylettes, phares, enjoliveurs de voitures: Angèle (ou ses bonnes copines qui chinent pour elle) fait feu de tout métaux.
Au bout de 5 ans Angèle a su allumer le désir de chacun d’entre nous, dans chaque pièce de la maison : plafonnier, lustre, applique, lampe à poser, de bureau ou de chevet, sans oublier petite baladeuse ou guirlande clignotante. Malin et esthétique, drôle et insolite: ça s’éclaireS Angèle (et Loulou et Archi ses enfants qui comme ses voisins donnent idées ou noms pour les créations) est belle (et bien) une petite fée électricité!
Patrick LE FUR, PRIMA hors série, février 2004